La jeune fille naît le 5 novembre 1798, au palais de Caserte. Elle est la fille de François Ier des Deux-Siciles et de Marie-Clémentine d’Autriche. Ce royaume est composé de la ville de Naples et de la Sicile, en Italie du Sud. François 1er est le second roi des Deux-Siciles.
À cette époque, Napoléon Bonaparte règne sur l’Europe, et veut agrandir son territoire. Le royaume de la jeune fille a rejoint une des coalitions contre l’Empereur.
Les troupes françaises entrent dans la ville de Naples : elles sont commandées par le général Jean Étienne Vachier, surnommé Championnet. Mais c’est là que ça va se corser.
Les Français veulent créer dans ce royaume, situé en Italie, une nouvelle République, qui ressemblerait à celle de la France.
Ils créent la république parthénopéenne. Comme dit précédemment, c’est là que les problèmes vont arriver.
La famille royale, c’est-à-dire François 1er, Marie-Clémentine et sa fille est obligée de fuir la capitale. Ils s’enfuient donc sur le bateau de l’amiral Horatio Nelson, un officier anglais. Ce même amiral qui est l’ennemi juré de Bonaparte. Nelson le battra lors de la bataille navale de Trafalgar en 1805, cette bataille où le brillant amiral sera tué par un tireur d’élite français.
Bref, l’amiral Nelson les emmène à Palerme, alors que la princesse Marie-Caroline est encore bébé. C’est là qu’elle passera toute son enfance.
Finalement, ils retournent à Naples, en 1801, année où la jeune princesse perd sa mère, Marie-Clémentine.
Son père François se remarie avec Marie-Isabelle d’Espagne, fille de Charles IV d’Espagne. Mais il faut croire que la chance n’était pas de leur côté, car ils sont battus une fois de plus par André Masséna, général français au service de Bonaparte. Ils s’enfuient donc en Sicile.
La petite fille grandit dans un climat assez libre, mais reçoit un choc quand, en 1810, sa double cousine, Marie-Louise d’Autriche, épouse Napoléon 1er, leur pire ennemi !
Sa tante Marie-Amélie, quant à elle, épouse le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe 1er.
Mais, en 1815, la situation s’améliore pour la petite famille, ou devrais-je dire, la grande. Napoléon part en exil, le roi de Naples Joachim Murat est fusillé, et Louis XVIII monte sur le trône en France. C’est justement ce même Louis XVIII qui va décider du destin de la petite Marie-Caroline.
Petit à petit, le roi de France, âgé de 60 ans, très vieux physiquement, impotent, décide de trouver une succession. Premièrement, il refuse de se remarier.
Néanmoins, le roi a un neveu, le duc de Berry, du nom de Charles-Ferdinand d’Artois. À 38 ans, il est célibataire et accepte d’épouser la jeune Marie-Caroline. Mais pourquoi le choix de Sa Majesté s’est-il porté sur cette jeune fille ?
Eh bien, la famille royale de Naples est une branche cadette de la maison des Bourbons dont le roi Louis XVIII est issu, tout simplement.
Au début, les deux jeunes tourtereaux entament une relation épistolaire. Ils apprennent à se connaître, s’envoient des portraits, et commencent à s’apprécier.
Ensuite, ils se marient par procuration. Les deux fiancés étant fort éloignés l’un de l’autre géographiquement, l’un des deux époux est représenté par une autre personne lors du mariage.
Pour rejoindre son époux, elle embarque sur un navire et arrive à Marseille. Là, elle est obligée de se mettre en quarantaine au Lazaret d’Arenc, à cause d’épidémie de peste.
Les lazarets étaient des bâtiments d’isolement pour cause de maladie. Alors, le lazaret est particulier, car les bâtiments sont ouverts, les patients sont exposés aux vents. À l’époque, on pensait que le vent pouvait chasser les microbes.
Évidemment, la future duchesse de Berry bénéficie d’un traitement de faveur, et on lui propose des activités en mer, comme la pêche.
Les deux fiancés se rencontrent au château de Fontainebleau et se marient le 17 juin 1816, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Les deux mariés, maintenant installés au palais de l’Élysée, où est aujourd’hui installée la présidence française, s’aiment beaucoup. En tout cas, on le pense. Marie-Caroline a une grande affection pour Charles-Ferdinand. Mais, la situation commence à dégénérer quand la jeune femme apprend que son époux à des maîtresses. Ça ne lui a pas plu du tout.
Nos deux amis ont eu en tout quatre enfants, ce qui est quand même pas mal ! Mais seuls deux ont survécu plus de quelques jours.
Ces deux enfants sont Louise Marie Thérèse d’Artois née en 1819 et Henri d’Artois né en 1820.
Mais la vie de notre jolie duchesse va virer au drame. Lors d’une soirée de février 1820, Marie-Caroline et son mari se rendent à l’opéra. Mais pendant le spectacle, la jeune femme s’ennuie. Elle décide alors de rentrer. Son mari la raccompagne à leur carrosse.
Mais alors que le duc raccompagne son épouse, un homme surgit. Il a pour nom : Louis Pierre Louvel, né en 1793, c’est un ouvrier sellier.
Il passe très vite à côté du duc et lui donne un coup de poignard. Ce dernier a d’abord cru qu’il lui avait assené un coup de poing.
Mais il se rend compte de la vérité, et s’écrie alors : « Ah, c’est un poignard ! Je suis mort ! ». Le duc est alors transporté dans les coulisses de l’opéra, à côté de la salle en pleine représentation. Son agonie durera toute la nuit.
Au cours de son agonie, durant laquelle il resta parfaitement conscient, il demanda la grâce de Louvel. Évidemment, sa dernière volonté ne fût pas respectée et Louvel fût guillotiné quatre mois plus tard.
Mais pourquoi Louvel a tué Charles-Ferdinand ? Eh bien, le tueur était un fervent bonapartiste. Il avait suivi l’épopée de Bonaparte en grand admirateur, et ne supportait pas la Restauration. Il avait même suivi l’empereur déchu à l’île d’Elbe !
Au cours de son agonie, Charles-Ferdinand déclara à sa femme : « Mon amie, ménagez-vous à cause de votre état ! ». Ce qui signifie qu’elle est enceinte.
Finalement, après toutes ces péripéties, la duchesse s’installe aux Tuileries.
Malgré la disparition de son époux, Marie-Caroline ne s’ennuie pas trop. Elle fait des promenades en bateau et est l’une des premières à lancer la mode des bains de mer.
Elle va également faire des visites dans des villes françaises, où elle est accueillie par la population en liesse.
Après Louis XVIII, c’est Charles X, son frère, qui lui succède en 1824. Mais en juillet 1830, le peuple se révolte contre lui. On a donné à cette révolte le joli nom des Trois Glorieuses parce que tout cela s’est déroulé en trois jours, les 27, 28 et 29 juillet 1830.
Bref, Charles X est destitué et envoyé en exil.
Marie-Caroline le suit, ainsi que son fils, duc de Bordeaux. Ils séjournent en Angleterre, dans la ville de Bath, pendant que Louis-Philippe 1er, un descendant de Louis XIII, est élu par le peuple roi des Français. Il avait changé un peu le système monarchique.
Mais Marie-Caroline veut retourner en France. Alors elle s’entoure d’autres royalistes, comme Ferdinand de Bertier ou le duc de Blacas, et retourne clandestinement en France en 1831.
On lui avait dit qu’elle trouverait deux mille soldats royalistes prêts à donner leur vie pour elle. Mais quand elle arrive, elle découvre soixante hommes.
Pour compenser, elle essaie de relancer les guerres de Vendée, qui ont fait rage tout au long de la Révolution française. Ce sont les royalistes qui sont soulevés contre les républicains. De nombreuses personnes se sont illustrées, comme François Athanase Charette de La Contrie, appelé plus simplement Charrette, un militaire Français qui s’est illustré pendant la guerre de Vendée.
Mais son insurrection n'aboutit pas. Elle se réfugie donc à Nantes, où elle est accueillie par des amies. Mais, elle fut trahie par un des leurs, Simon Deutz, contre la somme énorme à l’époque de 500 000 francs.
Pourtant, on ne peut pas dire que Marie-Caroline n’avait pas été prévenue. Car peu avant de la trahir, Deutz lui avait apporté un message de la part d’un de ses amis.
Les gendarmes viennent donc perquisitionner. Mais il y avait une cachette derrière la cheminée. La plaque pivotait comme une porte et on pouvait se cacher derrière. C’était un réduit d’à peu près 1m2. Avec tous ses amis, ils se cachent dans le réduit.
Ils s’installent et ils attendent, en espérant que les policiers veuillent bien s’en aller. Sauf que, leur chef décide d’attendre que les suspects se montrent ! Les plantons attendent, attendent, Marie-Caroline et ses amis aussi, et le temps passe.
Bien évidemment, nous sommes en hiver. Alors les pauvres policiers, qui sont frigorifiés, décident d’allumer un feu dans la cheminée. Mais derrière cette cheminée, rappelez-vous, se trouvent les fugitifs.
Ça commence à chauffer pour eux, au sens propre et au figuré ! Finalement, alors que la robe de Marie-Caroline commence à prendre feu, ils finissent par se rendre : ils poussent la plaque d’un coup de pied, et bien évidemment, se font arrêter par les gendarmes.
Il faut quand même vous dire que Marie-Caroline, la petite princesse de Bourbon-Sicile, est la personne la plus recherchée en France. Toutes les forces de police sont au courant de son retour et sont sur les dents pour la retrouver, elle !
Elle est finalement enfermée à la forteresse de Blaye. C’est là qu’elle accouche d’une fille, Anne-Marie, qui ne vivra que neuf mois.
Mais, là aussi, comme tout ce qui s’est passé dans sa vie, cet accouchement est rocambolesque. Elle a eu des contractions en pleine nuit. Elle n’a pas le temps d’appeler son médecin et accouche comme elle peut. Devant sa porte, un garde, Victor l’Aîné, entend des cris et finit par venir voir.
Et quand il entre, il voit Marie-Caroline, les jambes écartées, debout à côté de son lit, avec le bébé entre ses jambes, encore retenu par le cordon ombilical : elle a accouché. Mais alors, on se demande : qui est le père ? Elle prétend avoir épousé en secret un certain Hector Lucchesi-Palli, avant son enfermement. Au bout de quelques mois, Marie-Caroline est libérée et expulsée à Palerme.
Elle retrouve Lucchesi-Palli et aura avec lui quatre autres enfants. Ils s’installent au château de Brunnsee. Mais, très vite, son mari meurt et elle se retrouve seule, avec une dette de 6 millions de francs. Elle perd également sa fille, en la personne de Louise Marie Thérèse d’Artois. En vieillissant, elle devient presque aveugle et passe son temps à contempler ses souvenirs.
Ayant complètement perdu la vue, elle s’éteint le 16 avril 1870, à Brunnsee, à l’âge vénérable pour l’époque de 72 ans.
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