top of page
Photo du rédacteurStanislas Coupez

Article sur Philippe le Bel et l'affaire des Templiers



Détail d'une enluminure de Philippe le Bel (XIVe siècle)

Philippe le Bel est roi de France. Il s’est illustré lors de l’étrange affaire des Templiers, lors de laquelle le célébrissime ordre du Temple a été dissous et ses membres exécutés ou emprisonnés après une arrestation démesuré en 1307.


Philippe le Bel est né en 1268 au château de Saint-Germain-en-Laye, il est le fils de Philippe III le Hardi et d’Isabelle d’Aragon. Lorsque son père meurt en 1285, Philippe devient roi sous le nom de Philippe IV le Bel. « Le Bel » parce qu’il était beau, mais également très strict.


Son règne est ponctué d’étranges affaires et il est globalement impopulaire Mais parlons plutôt des Templiers. Cet ordre a été fondé en 1129, après la première croisade. Ces membres sont des « moines-soldats », ils sont les chevaliers du Christ et également des moines.


Leurs quartiers généraux sont appelés des commanderies. Leur grand maître est, à l’époque concernée, Jacques de Molay. En 1291, les croisés, les chevaliers du Temple, perdent la ville de Saint-Jean d’Acre en terre sainte, qui retombe aux mains des mamelouks. Les mamelouks étaient des esclaves non musulmans, affranchis et recrutés comme soldats, formés souvent très jeunes.




Le pape Urbain II arrivant en France pour prêcher la croisade, enluminure du Roman de Godefroy de Bouillon (XIVe siècle), Paris, BnF

Les croisades avaient été lancées car la ville de Jérusalem, où se tenait le tombeau du Christ, était occupée par ces mamelouks, qui refusaient l’entrée de la ville aux chrétiens. Le pape Urbain II avait donc lancé un appel à la croisade et les chevaliers s’étaient précipités au secours de la ville sainte.


Nous sommes donc en pleine croisade, et cette fameuse Saint-Jean d’Acre est reprise par les mamelouks. Mais si les croisés ont définitivement perdu la Terre sainte, leur ordre n’a en théorie plus lieu d’exister. C'est alors que les choses vont se corser. On commence à les considérer comme des orgueilleux, des débauchés, des expressions ont même été faites sur eux.




Par exemple “boire comme un Templier” ou “jurer comme un Templier”. Pendant ce temps, en France, Philippe IV est en conflit avec le pape, Boniface VIII. Quelles sont les raisons de cette opposition ? En fait, Boniface avait publié une bulle pontificale affirmant que les papes avaient, en quelque sorte, un pouvoir supérieur à celui des rois.


Le roi de France demande à ce que l’on juge Boniface VIII et qu’on le destitue. Celui-ci réplique aussitôt en excommuniant Philippe. Cela veut dire que les seigneurs, barons, ducs, etc… qui sont sous son autorité peuvent l'affronter comme ils le veulent et le destituer. Le chancelier du roi de France, Guillaume de Nogaret, part en Italie pour faire connaître au pape les intentions de son souverain.




Colonna giflant Boniface VIII. Illustration d'Alphonse de Neuville pour L'Histoire de France : depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, racontée à mes petits-enfants de François Guizot

Quand il apprend l’excommunication de Philippe IV, il se met en colère. Avec l’aide de Sciarra Colonna, ennemi de Boniface VIII, ils envahissent la ville où réside le pape pendant l’été. Cette ville a pour nom Anagni. Comme personne n’oppose de résistance, ils prennent le palais pontifical et pénètrent à l’intérieur.


C’est à ce moment-là que les deux complices, Nogaret et Colonna, vont se disputer : Guillaume de Nogaret, le chancelier de Philippe le Bel n’a qu’un objectif, faire connaître au pape les intentions du roi de France ; mais Sciarra Colonna, l’ennemi juré du pape n'a qu'une seule idée en tête : obliger le pape à « abdiquer ».


Sans surprise, le pape refuse, et on raconte qu’il est giflé par Colonna, même si cet acte tient plus de la légende. Quoi qu’il en soit, Boniface meurt un mois plus tard, ce qui laisse le champ libre à Philippe le Bel. Benoît XI devient le nouveau pape, mais meurt très vite. Lui succède sur le trône pontifical Clément V, en 1305.


D’abord réticent, mais ne voulant pas froisser Philippe le Bel et risquer d’avoir des problèmes, il se range de son côté et discute avec le roi de France sur le sort des Templiers. Revenons aux Templiers. Après leur très amère défaite à Saint-Jean d’Acre, ils reviennent en France, dans leurs commanderies.


Comme ils sont très riches, ils affichent toutes leurs richesses, ayant pourtant fait vœu de pauvreté… De plus, cette énorme puissance militaire est très problématique pour le roi de France, car ils peuvent menacer son autorité. Il cherchait à s’en débarrasser en les accusant de quelque chose.


Oui, mais de quoi ? Philippe le Bel manquait de preuves pour condamner les chevaliers. C’est grâce à un prisonnier condamné pour meurtre, Esquieu de Floyran, qu’il a trouvé un acte d’accusation. Cet individu aurait été un compagnon de cellule d’un Templier qui lui aurait soit disant avoué des rites impies, irrespectueux envers Dieu.


C’est ce témoignage qui donna un argument pour l’arrestation des Templiers. Le 14 septembre 1307, le roi de France envoie des messagers pour prévenir ses baillis et sénéchaux. Ces messages contiennent des consignes pour l’arrestation du maximum de Templiers, le vendredi 13 octobre 1307.




Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay sur le bûcher, miniature du Maître de Virgile provenant des Grandes Chroniques de France, vers 1380 (British Library)

C’est la plus grande opération de police jamais menée au Moyen Âge. Ce jour-là, le maître de l’Ordre, Jacques de Molay, est également arrêté. Le procès commence. Mais les Templiers sont une force catholique, ils ne peuvent donc pas être jugés par une justice laïque. Il demande alors à l’inquisition, tribunal religieux, de juger ces Templiers.


Pour comprendre, il faut savoir ce qu’est la Sainte inquisition. C’est une sorte de police religieuse qui pouvait enquêter sur toute acte allant contre la religion et les punir, jusqu’à prononcer des peines de mort. Tous les Templiers, soumis à la torture, finissent par avouer ces mauvaises conduites : 38 sont morts à cause de la torture. Seuls trois n’avouèrent rien.


Mais après avoir tout avoué, les Templiers commencent à proclamer leur innocence. Ils sont alors considérés comme relaps, parjures et sont donc condamnés à être brûlés vifs. Un jour, on convoque les maîtres de l’Ordre sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Ils sont condamnés à la prison à vie.




Mais Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay proclament, eux aussi, leur innocence. Ils sont alors condamnés à être brûlés vifs. Le 18 mars 1314, attaché sur le bûcher, juste avant de mourir, Jacques de Molay aurait prononcé cette fameuse malédiction popularisée par la suite romanesque historique Les Rois maudits, rédigée par Maurice Druon entre 1955 et 1977.


« Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Soyez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races ! » Mais était-elle réelle ? Le doute subsiste.




Détail d'une fresque par Andrea di Bonaiuto dans la chapelle des Espagnols du couvent des dominicains de Santa Maria Novella. Florence. XIVe siècle

Toujours est-il que le pape Clément V meurt le mois suivant, le 20 avril 1314, à 50 ans. Le roi Philippe le Bel, quant à lui, décède huit mois plus tard, le 29 novembre 1314 à l’âge de 46 ans. Et fait plus troublant: ses trois fils meurent les uns après les autres. Le chevalier Guillaume, c’est-à-dire Guillaume de Nogaret, mourut en 1313, un an avant le roi de France.



Comments


bottom of page